Hannibal accéléra l'allure en entendant une voix dans le service vétérinaire. Elle toqua à peine, ouvrant la porte en grand, d'un air navré et quelque peu essoufflé. Elle étira un sourire peiné, se retenant de rire. Oui, Hannibal se retenait, son manteau beige plié dans le creux de son bras. Elle t'observa, par manie, puis le grand Ulanoa avant de se mordre la lèvre pour garder son calme.

« Mademoiselle, désolée du dérangement mais euh, heurm...Ma Oleign Intensia a eu...Hum...Un accident plutôt...piquant. »

Ses yeux scintillaient de larmes de rire tout en entrant, ses épaules tressautant tandis qu'elle tentait de ne pas fixer Intensia, entrant avec un air choqué, indigné et dramatique sur son museau, des pics sortant de ses fesses canines. Ta gueule, juste ta gueule c'pas drôle... Entendit Hannibal dans ses pensées. Mais elle ne pouvait pas s'empêcher de pouffer de rire, face à sa Oleign qui avait malheureusement rencontré un porc-épic. Où ? Aucune idée.

Hannibal suivit Intensia, la précédant tout en continuant à glousser. Elle releva son visage pour t'observer, à ta remarque. L'italienne se vexa ; depuis quand devait-elle surveiller Intensia ? Elle ne voulait pas de cette responsabilité, l'Oleign pouvait se débrouiller toute seule et, c'était sa propre faute, elle aurait dû faire attention. Je te merde ! Hannibal pensa qu'elle avait raison et le fit savoir :

« Ce n'est pas de ma faute, attendez. Je ne suis pas sa mère, elle apprend très bien de ses erreurs. De plus, je l'avais prévenu, je ne suis pas en tort ! »

Hannibal remit ses cheveux en place, s'adossant au mur, non loin. Elle détailla l'Oleign, ainsi que toi. Le canidé était grand et beau, avec une certaine prestance. Elle l'imagina avec un de ces chapeaux vieux jeu qui ne vont qu'à un certain type de personnes. Hannibal se reprit, te fixant en continuant sur une autre lancée.

« Elle est plutôt maladroite, elle ne regarde pas où elle met ses pattes, en général...Mademoiselle, vous devriez porter du beige, ça ferait ressortir vos yeux, je vous assure. »

Passer du coq à l'âne était dans ses humeurs. Hannibal sourit, ignorant le regard furibond que lui lançait sa Oleign, qui avait déjà suffisamment honte de se montrer dans un tel état face à son confrère.

Pitié, tais-toi et laisse-moi avoir honte en paix ! Hannibal leva les yeux au ciel, en réponse à la pensée d'Intensia, qui se retenait avec dignité de japper, évitant tous les regards. L'italienne remarqua ton air et, que tu n'avais pas l'air d'apprécier sa remarque. Elle haussa les épaules ; certains avaient une conception des oleign comme s'ils étaient une part des hommes, mais pour elle, ce n'était pas le cas, ou qu'à moitié. Au fond, elle restait plutôt rancunière.

La jeune femme t'observa faire, sans pour autant s'approcher d'Intensia. Elle préféra pianoter sur son téléphone, répondant sans honte :

« Elle est grande, je ne lui serais d'aucune utilité. Vous êtes attentionnée avec les Oleign, pas moi. Je ne leur veux aucun mal, mais je n'ai pas cette conception là de ces êtres. Je ne saurais pas la soutenir. »

Hannibal choisit bien ses mots, pour ne pas rabaisser inutilement les animaux, néanmoins elle ne fit pas son hypocrite, restant stoïque. L'italienne savait qu'elle avait affaire à une institutrice, pourtant elle continuait dans cette voie, terminant même par un sourire navré.

Hannibal haussa un sourcil, avant de les froncer. Elle se demandait pour qui tu te prenais. Certes, tu étais une institutrice, néanmoins dans son opinion, elle ne t'avait pas manqué de respect, elle n'avait fait que donner son avis. L'italienne tenait à cette forme d'opinion, elle avait été élevée ainsi, elle ne courberait pas l'échine. Hannibal rangea son portable, ne cillant pas le moins du monde, sa voix n'étant pas agressive ni froide, mais plutôt un brin aigüe.

« Je vous demande pardon ? J'ai le droit de rester, à ce que je sache, c'est encore l'Oleign qui m'a été assignée. Je ne vous ai pas parlé mal, j'ai seulement donné un avis, tout simple, sans aucune forme d'irrespect. Et parce que cet avis est contraire au vôtre, je devrais partir et me recevoir vos réactions en pleine poire ? »

Intensia soupira, plaquant ses oreilles sur son crâne, fixant l'autre Oleign qui lui intimait de parler à Hannibal. Désolée, je ne peux rien. Si je lui dis ça, ça ne va qu'empirer, j'ai bien peur que Hannibal soit comme Mika sur ce point, elle ne lâchera pas. Son poil se hérissait, non pas de colère mais bien à cause de la tension nerveuse de Hannibal. Cette dernière te fixait dans les yeux, continuant :

« Je n'aime pas ça. Certes vous êtes un professeur, mais ça ne donne pas le droit que je me taise car mon opinion diverge de la vôtre. Ce n'est pas un régime communiste, on m'a appris à dire ma pensée, car l'hypocrisie est pourrie. Alors oui, je m'expose à votre courroux, pourquoi ? Oh, car je ne suis pas là à veiller aux soins d'Intensia chaque jour ? Ils sont intelligents, je pense qu'il n'y a aucun besoin de les materner. Ils savent ce qu'ils font, alors pourquoi leur courir sur le dos ? Après, ce n'est que mon avis, je le répète, un avis. En aucun cas une offense, ou quelque chose que je vous impose. Vous avez le droit de me demander, aimablement, de ne pas continuer sur ce sujet, mais certainement pas de laisser Intensia, seule, ici. »

Hannibal croisa les bras, remettant distraitement une mèche derrière son oreille, sans perdre de sa certitude. Intensia regarda son aîné, oubliant sa propre et honteuse situation : Ça va péter ?

Elle t'écouta, empoignant son bras pour ne pas te cracher au visage. Oui, car en bonne motarde qui s'éveillait, elle t'aurait craché dessus tout en injuriant ta carcasse en italien. Mais Hannibal préféra t'offrir le plus parfait des sourires. Ce genre de sourire enjôleur, mi navré mi joyeux, totalement faux.

Intensia se laissa caresser, préférant courber l'échine plutôt que de s'attirer plus d'ennuis pour aujourd'hui. Elle n'aimait pas l'ambiance de cette salle et aurait adoré attraper la cheville de Hannibal pour la traîner dehors. Elle descendit au sol, plaquant ses oreilles sur son crâne d'inquiétude, tout en répondant avec ironie à son confrère. Elle apprendra de ses erreurs, je ne suis pas sa mère après tout. La jeune Oleign reprit les mots exacts de Hannibal, puis resta plantée là à fixer son aîné.

« Ce genre de menace ne marche pas avec moi, Mademoiselle. J'irais voir le Directeur, je prendrais mes responsabilités. »

Hannibal finit par lâcher un léger rire, continuant sans se sentir intimider.

« Décidément, c'est un dialogue de sourds, je n'ai jamais eu affaire à ce genre de choses. »

Intensia soupira. Hannibal, je suis fatiguée, s'il te plaît, arrête. Ça ne sert à rien. Elle ne bougera pas de sa position, toi non plus. Ça va monter, et ça ne redescendra jamais. Elle le pensait, elle fixait la jeune femme. Une italienne qui ne s'offusquait pas le moins du monde que tu la traitas d'idiote, mais bien plus que tu lui dises de lâcher son portable. Tu ne pouvais pas savoir, mais elle n'était pas la peste qui parlait à chacun par message, plutôt celle qui parlait avec son père tous les jours, sans discontinuer et, que tu lui dises de lâcher ce bout d'électronique, c'était comme lui demander de sortir les crocs. L'italienne fusilla du regard sa Oleign, qui ne perdit pas de son panache. Puis elle revint à son institutrice, s'avançant lentement, gardant son sourire. Elle s'inclina, suivie de près par Intensia qui fixa le dominant. Désolée hein ? Elle est insupportable, je sais, mais elle a ses raisons, je ne peux pas dire le contraire. Intensia posa doucement son museau sur la jambe de l'institutrice comme en guise de remerciement. Hannibal ? Elle répliqua avec une douceur suave, une voix mielleuse :

« Les rumeurs sont fondées sur votre compte...Aussi bouchée qu'un évier. »

Hannibal risquait, mais elle risquait toujours. On ne touchait pas à ce qui concernait son père. Elle passa une main dans ses cheveux, sortant son portable pour pianoter un sms à son géniteur, juste devant toi, tout en se retournant pour partir.

Hannibal ignora l'Oleign, tout simplement parce qu'elle était rationnelle. Faire du mal à une élève coûterait cher, en particulier si cette élève n'a entamé aucun geste dangereux pour l'autre humain ou l'Oleign en question. Elle sourit en entendant de l'italien, s'adoucissant brusquement, applaudissant même. Elle n'en avait pas entendu depuis longtemps.

« Vous parlez italien ? Trop cool ! Je n'en ai pas entendu depuis des lustres, ça me manquait tiens. »

Elle se racla la gorge, agrémentant ses paroles de sa langue natale de gestes physiques, les italiens étaient connus pour argumenter avec leurs mains. Son ton se faisait rapide.

« Sono giovani sì. Ma questa discussione non ha nulla da fare. Perché io punire mentre ho fatto niente? Questa è tirannia. Ho solo dare la mia opinione, non mi punisco per una recensione? In questo caso, dovremmo punire anche voi, per rendere più equo. Io non mi è dispiaciuto molto che mi hai chiamato un idiota, non siete tutti idioti? Mi rifiuto questa punizione. Non ho fatto niente. Ti ho mostrato senza mancare di rispetto, non contaminato con i regolamenti. Quindi non. Tuttavia, mi ha chiesto di andare a vedere il direttore, lo farei. Io racconto la mia storia. Per darti vostro. »

Hannibal tapa dans ses mains, pour finir sa conclusion, parfaitement sûre d'elle. Dans sa tête, c'était normal et juste. Pourquoi une institutrice qui l'avait insulté devrait la punir tandis qu'elle n'avait rien fait, si ce n'est donné son avis sur les Oleign, bien qu'il soit contraire au tien ? Elle se retourna, suivie par Intensia. Hannibal termina, d'un ton plus sérieux et des yeux jetant des éclairs :

« E anche ... Questo non è perché io sono d'accordo con te che vuol dire che indosso amore Intensia. Il mio è solo diversa dalla tua, e tutte le sue pecore sono ben tenuti. Non mi prendere per una sfacciata senza cuore, non è questo il caso. Buon giorno a voi, Intensia Grazie. »

Hannibal fit une révérence et commença à partir, ses talons claquant, gardant son calme malgré son désir de ruminer des insanités et des vengeances. Elle avait hérité de la franchise motarde de son père, mais aussi de l'immense rancune et rage de sa mère danseuse. Intensia se stoppa un instant pour fixer son comparse et, demander avec espérance : Dis, je serais aussi grande que toi un jour ? J'en ai marre d'être petite. Son ton était partagé entre l'hésitation et l'espoir, au vu de la situation, elle ne savait pas s'il était bon de parler avec le dominant.

Traduction 1 : Je suis jeune, oui. Mais ça n'a rien à faire dans cette discussion.. Pourquoi me punir alors que je n'ai rien fait? C'est de la tyrannie. Je ne donne que mon avis, pourquoi me punir pour un avis ? Dans ce cas, nous devrions vous punir, aussi, pour rendre le tout équitable. Je ne suis pas énervée que vous m'ayez traité d'idiote, nous sommes tous cons non ? Je refuse votre punition. Je n'ai rien fait. Je n'ai montré aucun manque de respect, je n'ai fait aucune entache au règlement. Donc, non. Cependant, vous m'avez demandé d'aller voir le directeur, je le ferais. Je raconterai ma version de cette histoire. Vous donnerez peut-être la vôtre.

Traduction 2 : Et aussi ... Ce n'est pas parce que je ne suis pas d'accord avec vous que cela signifie que je n'ai aucun amour pour Intensia. Le mien est juste différent du vôtre, chacune sa manière d'aimer et les moutons seront bien gardés. Ne me prenez pas pour une pimbêche sans cœur, ce n'est pas le cas. Intensia vous remercie, bonne journée à vous.