Axel était dans un canapé de la salle commune. Tout était très calme et le couvre feu était encore loin. Certains étaient donc à leurs clubs, d'autres dans les jardins ou n'importe quel autre lieu. Bref, la salle n'était que très faiblement peuplée, pour le plus grand bonheur du garçon.
Ses lunettes sur le nez et son calepin entre les mains, il se risquait à l'écriture d'un poème. Mais sa source d'inspiration encore inconnue, il tourna la tête en direction de l'aquarium, non loin de lui. Les poissons y nageaient paisiblement, baignés de reflets bleutés. Non, il n'écrirait à leur sujet, mais l'idée l'effleura quand même. Après tout, ces dignes créatures le méritaient bien, non ?
Il repensa au livre d'Andersen et à sa fin tragique. Pourquoi donc ? Dieu seul le savait. Mais cette pensée l'embrouilla encore plus, et il finit par abandonner l'idée d'écrire. L'adolescent posa donc le calepin, et, appuyé sur l'accoudoir, cala son menton dans le creux de sa main.
Son oleign à ses pieds, il laissa son esprit divaguer. Comment allait sa sœur, restée à Paris pour étudier ? Est-ce qu'il lui manquait ? Hm... Sûrement pas plus qu'il la regrettait. Leur relation avait toujours été compliquée, et il préférait de loin loger au Japon, s'instruire autant qu'il le pouvait, que la revoir. Enfin, il l'aimait quand même. Les oleigns le passionnaient juste plus que ses plans-culs...
Le calepin tomba, ironiquement ouvert à la page où était collée la photo de sa rue parisienne.
Axel ramassa l'objet et le contempla froidement. Non, il ne regrettait rien et il ne comptait pas le faire un jour.
L'adolescent tourna les pages et commença un calcul simple, vaguement distrait par son oleign, dormant à ses pieds. Non, rien ne lui manquait. Juste les réponses aux questions qu'il se posait.

Une jeune fille ouvrit la bouche et prononça quelques mots, bien évidemment adressés à Axel. Elle semblait plus âgée ( de deux ou trois ans, peut-être... ), et soufflait tranquillement sur une tasse brûlante. Elle semblait très intéressée par le calepin du garçon, plus particulièrement par le photo qu'il y avait collé, représentant sa rue parisienne.
L'aqua tourna donc les pages de son carnet, jusqu'à tomber sur celles représentant sa ville natale. Il avait l'air calme et montra froidement les photos à son aînée.

« Oui, c'est Paris. Ma ville natale. », dit-il avec son accent très marqué. Il était français, aucun doute là-dessus ! Mais où était passée son arrogance habituelle ? Il semblait si indifférent à cet endroit, pourtant source de rêves et d'utopies. Sa voix était monotone, aucune émotion, rien. La nostalgie ne lui semblait pas être coutume.

Axel balada donc son regard dans la pièce, analysant vaguement la jeune fille ainsi que son oleign. Elle avait un livre sous le bras, il tenta de voir ce que c'était... Mil...Millénium ? Qui ne connaissait pas ! Un des plus grands chefs-d’œuvre du roman noir, la crème du polar suédois. Il reprit donc, plus enthousiaste :

« Oh, tu lis Millénium ? Bonne lecture ! Ce roman est vraiment génial ! »

Axel esquissa une vague moue lorsque son interlocutrice parla de la capitale française. Lui qui connaissait la ville reconnut qu'elle était belle, surtout très intéressante. Mais quand on est le fils du gérant d'un des plus gros casinos de France, ce n'est pas le musée Arts et Métiers que l'on nous emmène visiter, mais des endroits plus formels où l'on parle plus d'argent qu'autre chose. Enfin, il repensa aux belles choses qu'il avait visitées et illumina son visage d'un sourire hypocrite.

« C'est vrai que c'est un pays magnifique ! », se força-t-il à dire avec le plus de convictions possibles avant que son interlocutrice ne lui parle de son livre. Là, l'adolescent sourit de manière de plus sincère et lui souhaita bonne lecture. Il préférait de loin la lecture à son pays.

Son interlocutrice, quant à elle, saisit une chaise et s'assit aux côtés d'Axel. Elle souriait, d'un air paisible et naturel.

« Je m'appelle Reila, je suis en 4ème année. Serais-tu en première année ? Je ne t'ai pas souvent vu, j'en déduirais que.. tu es nouveau ici. »

L'expression du garçon se crispa, encore une fois. Le fait qu'on le prenne pour un premier année ne lui plaisait guère, et il le cachait par cet horrible rictus, ce sourire hypocrite qu'il détestait lui-même.

« Axel, enchanté, commença-t-il en lui tendant la main afin qu'elle lui la serre, Deuxième année. Mais je t'avoue qu'on me dit souvent que je ressemble à un premier année, haha ! C'est pas très grave, à la limite. Je suis juste là pour étudier, non ? »

Il souriait, on aurait pu le croire sincère, mais au fond il tuait des chatons était très agacé par la remarque de Reila.