La tête dans le cul, littéralement. Non, tout de même pas. Néanmoins l’état de Hannibal se résumait à un simple objet ; des lunettes de soleil. Maquillée de la veille, elle venait laver un haut tâché d'hier auquel elle tenait et, la voilà qui arriva, avec son blouson en cuir au-dessus de son pyjama qui se résumait à un grand t-shirt où y avait écrit noir sur blanc : "tu touches, le père te bouffe", et son shorty noir, ainsi que des talons, n'ayant pas trouvé ses pantoufles. Pour tout dire, ça ne ressemblait pas à son style soigné, mais à quoi bon, elle avait l’intention de se recoucher. Hannibal n’était pas du matin.

Les cheveux lâches, elle te fixa te dandiner, immobile. Elle se demanda si elle dormait encore…Tu avais l’air d’un phénomène, ou plutôt d’un ours-phénomène, son terme exact, dans sa pensée. Grand, massif, aux traits asiatiques, elle adorait les asiatiques, mais pas ce matin. Hannibal murmura quelques mots en italien, sur les gens matinaux, tenant son haut tâché et quelques autres affaires contre sa poitrine. Hannibal fixa ta gestuelle, ton air guitar, reconnaissant la musique, qu’elle aimait d’ailleurs, étrange. Mais elle état plutôt à critiquer ton style vestimentaire qui…Elle se reprit ; elle-même n’était pas dans son meilleur jour.

« Ça, c’est de la chorée. »

Ton ironique. Elle avait la chair de poule ce qui n'améliora pas son humeur. La jeune femme traîna des pieds jusqu’au grand évier. Malheureusement, Hannibal ne trouvait pas sa lessive - oui car elle a sa propre lessive pour linge délicat - et, il fallait le dire, ne s’habituait toujours pas à l’idée qu’elle faisait ses machines toute seule. Elle se tourna vers toi.

« …Comment tu fais pour avoir la pêche à cette heure…Tu me passes ta lessive ? »

Oui, car pour elle, chacun avait sa lessive, évidemment. Elle tendit la main, la mine déconfite, ne rêvant que de son lit douillet.

Hannibal resta stoïque, quoiqu'un peu dubitative en voyant la blancheur de son interlocuteur. En même temps, elle aurait peut-être fait la même tête si on l'avait surprise à ce genre de danse dans la laverie. Elle sourit pour elle-même ; non elle aurait rit. La jeune femme, malgré la fatigue, finit par glousser quant à ta proposition, posant ses affaires dans le lavabo. Elle se retourna pour répondre :

« Non, ne t'en fais pas, je pratique ce genre de danse tous les jours dans ma douche, je suis experte, faudra se faire une compétition ! »

Hannibal ajouta un mouvement de main et de hanche pour agrémenter sa bêtise, ouvrant le robinet, attendant l'eau chaude. Elle grimaça quand tu parlas de la lessive de l'académie, puis fixa ta main tendue et ce qui ressemblait à un pull, de son point de vue. Hannibal resta quelques instants sans rien faire ni rien dire, juste avec le bruit de l'eau coulant dans l'évier. Rien à faire, même fatiguée, son désir de critiquer ton style vestimentaire se faisait vif. Elle t'examina sans se cacher, te voyant dans diverses tenues, mais surtout les cheveux coupés...Hannibal mourrait d'envie de prendre ses ciseaux et de...Sa main attrapa le pull, elle répondit par le même sourire que le tien, attachant le vêtement autour de sa taille, étant donné qu'il s'agissait de ses jambes glacées.

« Merci preux chevalier ! Je te le rendrais, t'en fais pas...Je n'aime pas ce temps automnal, il me donne juste envie d'hiberner. »

Hannibal agrémenta ses paroles d'un soupir, cherchant la lessive pour linge délicat des yeux, tout en ajoutant :

« Au fait, je m'appelle Hannibal, 4ème année, Ignis. Et toi, Orsofenomeno ? Ça te dérange le surnom ? »

Une main peu sûre d'elle dans le linge trempé, l'autre se tendant vivement vers toi, agrémenté de son sourire taquin. Elle aimait bien ce surnom, Hannibal, dommage.

Hannibal cligna des yeux quelques instants, en remarquant ton changement de ton et surtout ton regard. Elle n'était pas effrayée, non, cela la faisait même monter sur ses grands chevaux, en particulier le samedi matin. Elle attendit que tu terminas ta proposition, une main sur sa hanche, l'autre pleine de mousse pendant dans le vide un peu plus loin d'elle. Hannibal préférait être claire, donner son impression, son avis, en particulier lorsqu'on lui lançait ce genre de regard. On l'avait élevé de telle sorte à ce qu'elle soit franche et ne cache rien.

« Alors, Gosuke, je vais être directe. Pas la peine de me dire ça sur ce ton, sérieux ça me met juste hors de moi. Je n'aime pas les menaces en particulier celles non-verbales ni les gars qui se donnent des airs de durs, car ils n'aiment pas qu'on leur donne un surnom. Okay, t'aime pas Orsofenomeno, dis-le moi mais sans cette attitude de "bad ass", ça serait sympa, je ne t'ai pas agressé que je sache. Tu m'as passé ton pull, c'est sympa, c'est cool même, mais si c'est pour me foutre ça dans la gueule ensuite, je te le rends volontiers. Je préfère avoir froid plutôt que de me faire traiter comme une merde. Tu comprends mon point de vue ? »

La jeune femme souffla, soulagée d'avoir joué sur la franchise, pour ensuite dénouer le pull et le plier aussi soigneusement qu'elle en était capable, le posant sur une des machines près de lui. Elle sortit son linge du lavabo, tentant de reprendre son calme. Ce genre de comportements la mettait hors d'elle et, curieusement cela venait souvent des Terra. Hannibal n'aimait pas, elle avait l'impression d'être prise de haut, ça l'agaçait et la vexait. Tout en essorant un de ses vêtements, elle continua, tentant de reprendre le sourire, sans pour autant gâcher sa difficulté à y arriver.

« J'y passerai, au moins pour regarder. Mais personnellement, je suis plus sports automobiles, les deux roues tout ça...Mais ça ne m'empêchera pas de te mettre une branlée, chevalier, haha ! »

Elle mit ses poings sur ses hanches et gonfla la poitrine pour t'imiter, te défiant du regard.

Hannibal resta silencieuse à tes excuses, mais elle les appréciait. Te voir t'incliner lui ordonna de faire un petit mouvement de la même gestuelle, quoiqu'un peu gauche. Elle fut soulagée de voir ta maturité d'esprit, elle finit donc d'essorer ses vêtements, les gardant dans une main, tout en reprenant peu à peu son sourire confiant. Un sourire s'étirant tandis que ses yeux s'illuminaient. Un défi ? Hannibal les aimait bien, tant qu'ils n'étaient pas intellectuels ou trop profonds, et dans ses cordes.

Hannibal remit une mèche de cheveux derrière son oreille à ton compliment/défi, enlevant ses lunettes de soleil, pour montrer toute sa conviction et son air légèrement carnassier. Elle sentait qu'elle allait bien s'entendre avec toi, surtout si tu continuais à la défier comme ça.

« Ah ouais ? On va voir si ce corps de taureau arrive à suivre la route ! Pour le gage, haha, évidemment qu'il ne sera pas trop violent allons, on me connaît tellement pour mon côté pacifiste...Si je perds, je rejoins ton club d'athlétisme, histoire de te foutre la pâté dans une revanche. »

Hannibal se pencha un peu en avant, te faisant un clin d’œil. La jeune femme continua d'un ton amusé, reprenant son sourire avenant, sortant en riant.

« Tu m'as mise de bonne humeur, c'est rare qu'on y arrive, donc je te laisse le choix quant à la nature exacte du défi. Ça marche chevalier ? »

Hannibal opina de la tête, pour montrer qu'elle était pleinement consciente de ses mots. Mais il ne fallait pas croire, certes elle ne voulait pas perdre, loin de là, mais dans les deux cas elle s'amuserait et obtiendrait quelque chose. Perdre ? Elle ferait la gueule, elle jurerait, mais elle viendrait au club d'athlétisme, ce qui la faisait penser à son père, qui entraînait toujours son corps pour ses courses, elle devait donc faire de même pour arriver à son objectif.

« Mais j'y compte bien, chevalier ! Si tu me laisses gagner, je t'en voudrais toute ma vie, je ne rigole pas ! »

Le cent mètres ? Elle se sentait d'essayer, même si elle n'y était pas experte. Tout était possible. Ta remarque la fit courir plus vite, assurément. Ses poings sur ses hanches, elle fronça les sourcils. Hannibal aimait ta détermination, elle ferait en sorte de montrer la même.

« Votre Dame a l'air si fragile et nulle ?! Il ne faut pas croire, Chevalier, je suis pleine de ressources, vous verrez. Je vous battrais sur votre propre terrain...De toute manière le terrain sur lequel j'ai le plus d'avantages je ne peux pas l'avoir, haha ! »

Monter sur un bolide lui ferait du bien, maintenant qu'elle y pensait. Hannibal émit un léger rire, en te voyant à genoux et, fit une douce révérence. L'italienne referma son blouson, prenant son linge humide en plantant son regard dans le tien, sans ciller.

« Du coup, le cent mètres, on fait ça quand ? Bon, là tu te doutes bien que je ne suis pas en tenue pour ça...Même si je suis sûre de te battre même en talons !...Tiens, un cent mètres en talons aiguilles, haha ! »

Elle fit mine de réfléchir, répondant :

« Il me semble qu'une drag-queen m'a laissé ses chaussures une fois... »

Mauvais sourire sur ses lèvres, elle gloussa. Hannibal surprit cette lueur dans ton regard, et son sourire s'agrandit. Elle le fixait, partagée entre l'étonnement et l'amusement, tout en serrant cette main de la sienne glacée. Mais cet état fut vite dissiper par son air interloqué qu'elle adorait afficher, en ouvrant ses lèvres et en reculant légèrement son visage en arrière. L'italienne répondit avec détermination :

« Que tu vas gagner hein...On va voir ça. Prends garde, chevalier, tu vas être laminer par ta Dame ! Attends-toi au pire quant à ton gage, haha ! Deal, à 15h au stade de course, prête à partir ! »

Hannibal finit par hocher la tête à ta proposition. Elle n'y voyait pas d'inconvénients, la majorité des gens qui lui avaient parlé au moins une fois avaient son numéro. D'ailleurs, elle sortit son portable de l'intérieur de son blouson, pour vérifier ses messages, un sourire nostalgique se dessinant sur son visage, à la remarque de son terrain favori.

« Je doute que l'on puisse aller sur mon terrain favori, haha, ce sont les motos. Elle partit d'un gloussement puis dicta son numéro. 0XXXXXXXXX »

Hannibal ferma les paupières, secouant la tête à ta pique, encore une. Mais elle ajouta malgré tout :

« Mmh...J'suis pas sûre que tu y arriveras, ce n'est pas de la course à pieds, la moto, c'est dur ! »

L'italienne partit d'un léger rire, rangeant son téléphone à sa place. Elle allait continuer la discussion, lorsque tu la coupas, ce qui l'amena à afficher un sourire peiné et amusé à la fois. Du travail ? Dieu ce qu'elle n'aimait pas ça, surtout maintenant, ça devait se lire sur son visage. Hannibal se mordit l'intérieur de la joue, puis haussa les épaules d'un air fataliste. Au moins, ça lui laissait le temps de se préparer, se rassura-t-elle. Elle avait hâte de te montrer de quel bois elle se chauffait. Hannibal prit ses affaires humides et s'éloigna vers la porte, te faisant un signe de main.

« Tu m'excuseras, mais moi et le boulot...Hum, on s'entend mais pas trop non plus. On se voit à 15h de toute manière, j'ai hâte ! Courage, chevalier, merci encore pour le pull ! »

Hannibal partit d'un nouveau rire, et s'éloigna, le son de ses talons la suivant à chacun de ses pas. Elle pensa à sa journée, à tout organiser, mais surtout à bientôt se recoucher car malgré tout, la fatigue lui pesait encore.