[Pv Hirô Gôshi] Calme, coule, je ne vois rien qui soit suspect ♪

Une forêt. Une immense forêt se dressait. Avec des arbres. Partout. des petits, des grands, des noirs, des blancs, des verts, des orangés, des fruitiers, des nus, des fleuris, comme si les quatre saisons étaient toutes réunies dans cet endroit magique.
Regarde là! oui là, derrière le buisson à côté du pommier! Un petit lapin te regarde avec ses petits yeux noirs! Il est tout mimi tout marron, sauf sa minuscule truffe qui est toute rosie. Et là bas, à l'abri du soleil, t'as vu la biche? Tu l'as vue en train de regarder son faon batifoler plus loin, dans la grande plaine herbeuse? Ils paraissent si heureux. Tout comme le pingouin là bas glissant sur la banquise sur la droite de la forêt, sur ce grand plateau de glace ou le paysage passait du vert au bleu. Beaucoup plus loin, presque à l'horizon, tu peux apercevoir la mer. Pis si tu regardes vraiment bien, tu peux voir une baleine aussi. Elle parait si petite vu d'ici...
Et si tu continues un peu plus à droite, tu peux voir cette belle fenêtre qui...
Haem... Regarde là bas, à gauche! Oui, sur la pierre parmi les herbes sèches, t'as vu le beau lion? Son intense crinière te donne pas envie d'aller le caresser? Et puis, il est si majestueux dans son geste de rugi.. bâillement... Enfin en tout cas assez impressionnant pour les singes restent cachés dans leurs arbres plus loin, dégustant leurs délicieuses bananes. Et si on continue encore, les herbes elles... elles s'estompent?
Tien mais regarde par terre cette.... moquette? Pardon? Non rien laisse tomber. Regardons plutôt le ciel qui...

Qui était en train d'être créé. Ludovic, perché sur un tabouret avec un pinceau dans les mains était en train de peindre ce magnifique paysage. La peinture a toujours été son hobby et il se débrouillait quand même pas trop mal dans ce domaine. Mais même pour Ludovic, peindre le ciel était plutôt délicat. En effet, son tabouret n'était pas assez haut, et il devait se mettre en équilibre sur la pointe des pieds pour pouvoir le peindre mais ça altérait la précision de son geste. Quand même, ils auraient pu mettre le plafond de la chambre un peu plus bas, c'était bien trop grand pour lui. Mais il y arrivait quand même, sous le regard perçant de son Oleign qui n'avait de yeux que pour les gouttes de peinture qui tombaient sur le visage de son compagnon.
Décidément, ce n'était vraiment qu'un sale crado.

C'était l'heure de nettoyer un peu les chambres. Normalement à cette heure-ci, tout le monde était en cours et Hirô pouvait s'adonner à son activité ménagère en sifflotant sans s'inquiéter des témoins. D'où la surprise en voyant quelqu'un dans une chambre ! Et pas n'importe quel quelqu'un ! Il peignait sur les murs ! OH LE CON ! Hirô se précipita sur lui et le tint sous les aisselles pour le faire descendre du tabouret sur lequel il était perché. Shimahime, derrière lui, regardait la scène en inclinant la tête d'un air interrogateur.

"Mais enfin mon petit bonhomme ! Ça va pas non ? Si tu veux peindre, il faut demander des toiles ! On ne dessine plus sur les murs à ton âge ! Comment je vais nettoyer tout ça moi ? Il va falloir que tu changes temporairement de chambre le temps que je remettre tout ça en ordre !"

Il y eu un léger blanc le temps qu'il se calme. Reprenant ses esprits, il poursuivit en fléchissant les genoux pour se mettre à hauteur de l'étudiant. Son ton était doux et plus inquiet qu'énervé. L'adulte responsable quoi !

"Pourquoi t'as fait ça ?"

Tout simplement. Après tout, ça s'imposait.

Sunko l'aimait vraiment quand il était comme ça. Calme, serein, Ludovic paraissait presque normal. Oui bon certes il peignait une fresque sur les murs de sa chambre. Mais il fallait avouer qu'elle était jolie. Oui donc sur les murs de sa chambre, il était vrai que c'était pas trop autorisé par les adultes de l'école. Oui mais elle paraissait si réaliste. Mais c'est pas une raison, ça pouvait justifier n'importe quoi après. Han... il avait tellement envie de se jeter dans le monde qui s'offrait devant lui. Ce monde un peu bizarre, un peu idéal pour Ludo qui aimait y partir dans sa tête.
Dit comme ça, c'était bizarre, mais vous ne pouvez pas imaginer ce qu'il se passe dans la tête de son autre moitié quand vous, vous ne voyez qu'une statue de marbre assise en position fœtale dans sur son lit.

Sunko aimait bien partir avec lui, loin dans la tête de Ludo, accompagné de tous ses amis, comme Tommy ou le gros Nounou. Ensemble, ils vivaient de nombreuses aventures palpitantes en ces contrées merveilleuses. Bref, il l'aimait comme il était. Même si là, il se mettait de la peinture plein le visage comme un gros cochon. Et c'est lui qui devrait passer après.

Ludo le Crado était en train de jouer l'équilibriste à peindre le plafond quand un autre humain débarqua dans la chambre, avec sa cariotte qui transportait plein de trucs pour laver la pièce. Un adulte de l'école, de ceux qui pensaient que la fresque de chambre était passible de la peine de mort.

Comme prévu, le monsieur était pas content et il fonça arrêter Ludo. Sans gêne ni peur alors qu'il tenait à peine sur son tabouret, le monsieur aux balai fonça attraper son frère et commença à lui crier dessus. Le pauvre Ludo, surpris, se débattait de toutes ses forces. Son pinceau, encore dans sa main, se promenait partout dans les airs et crachait allègrement le surplus de peinture bleue qu'il contenait, arrosant tout ce qui se trouvait autour, comme le sol, le mur, la veste du monsieur, ses propres cheveux. Tant d'images passaient dans son esprit pendant sa longue descente aux enfers. Il était vraiment déboussolé.

Pourtant, contrairement à ce que Sunko pensait, le type aux serpillières ne lui mis pas trois claques aux fesses, comme il avait pu le voir dans les souvenirs de son frère, mais il se mit à sa hauteur, en face de lui et lui parla d'une voix douce et gentille. Sunko se détendit mais n'en resta pas moins sur ses gardes, car la situation ne s'arrangeait pas vraiment. Ludo, la tête baissée, regardait ses chaussettes et ne pipait pas mot, et ses cheveux tous bleus lui cachaient le visage. Sunko se rapprocha de son frère de couchette et toucha son bassin de sa truffe froide. Il regarda l'adulte et secoua la tête en signe de désapprobation.

Il ne répondait pas. Tous deux aspergés de peinture cyan, ils avaient l'air de gros gogoles pas dégourdis, ce qui n'avais pas l'air de les déranger le moins du monde. En effet, malgré l'air amusé de Shimahime, le concierge se préoccupait beaucoup du mutisme du petit bout d'homme en face de lui. Il avait eu échos de sa situation comme quoi il était malade ou un truc du genre. Quoi qu'il en fut, Hirô ne quitterait pas cette pièce avant d'être certain que tout allait bien. D'un ton toujours inquiet, il posa une autre question moins complexe à répondre dans l'espoir d'obtenir au moins un hochement de tête.

"Tu peux t'asseoir sur ton lit et lâcher ce pinceau ? Je veux bien discuter avec toi si tu veux. Tu as l'air terrorisé..."

Sûrement un enfant battu... Il y en avait parfois et ils étaient souvent problématiques. Cependant, ils réagissaient toujours encore plus violemment lorsqu'ils se faisaient surprendre. Hirô espérait pouvoir gérer celui-là sans trop de problème.

Le concierge faisait tout son possible pour pas que la situation parte en sucette. Il ne paraissait pas vraiment en colère, mais plutôt inquiet pour le jeune garçon. Pourtant, son costume et sa tête avaient pris plein de peinture et il ressemblait maintenant à une sorte d'humain schtroumph pas frais. Le plus posément possible, il lui avait demandé de poser son pinceau.

Ludovic, dont l'attention vacillait entre sa chaussette droite et celle de gauche n'eut pas de réaction immédiate. Sunko, assis à ses côté tentait de le rassurer. Que même si le monsieur lui avait fait peur, il n'était pas méchant. Il fallait éviter d'aggraver la situation. Ludovic releva la tête. Ses cheveux se dégagèrent de son visage, laissant apparaître ses grands yeux bleus, vitreux, mais qui semblaient également fixer l'infini.

Il remit le pinceau au concierge sans faire d'histoire avant de reculer jusqu'à son lit où il s'assit. Sunko le rejoint bientôt et grimpa sur ses genoux. A présent, Ludo fixait l'homme de ménage et attendait de savoir ce qu'il allait se passer maintenant pendant Sunko lui léchait joyeusement le visage.

L'inquiétude se lisait sur les traits du concierge. Il se retrouvait désormais avec un pinceau dans la main et avec un enfant totalement paumé sur les bras. Il remarqua qu'il ne bougeait pas et Shiro resta à sa hauteur en lui parlant d'une voix presque paternelle.

"Hey... Ça va bonhomme ? Tu peux parler ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ici ?"

Il n'osait pas poser plus de question à la fois sous peine qu'il ne se débatte encore. Qu'est-ce que c'était que cet élève ? Shimahime intervint en pensées auprès du Sunko.

"Il est toujours comme ça ? Penses tu que mon humain pourra tirer quelque chose du tien ?"

Elle était aussi moqueuse que curieuse. Ils formaient une belle brochette, ces deux là !

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