Premier jour de la semaine, difficile de se réveiller, surtout quand on a une oleign qui se prend pour une reine et qui décide de faire la grasse matinée juste pour faire chier son monde. M'enfin, je soupire. J'ai l'habitude, ça fait des années que c'est ainsi et je sais comment la prendre. Moi-même, je ne suis pas très matinal, mais je n'aurais pas le temps de prendre un café ici, je devais être au moins sur place pour le démarrage des cours, j'aurais le temps d'en prendre un plus tard dans la salle des Profs...

~ ~

Après maintes efforts, et première patrouille en solo, parce qu'Iza n'a pas voulu se lever, voilà qu'elle me rejoint peu après toute engourdie. Que fais-je? Je me moque d'elle, naturellement, la taquinant sur son caprice. Pour finalement l'inviter à grignoter quelque chose pendant que je bois un café.

Nous pénétrons dans la salle en question, sans avoir frapper, cependant...

- Bonjour

Pas un mot de plus, je découvre deux individus avec leurs ombres, mais la jeune femme m'est familière...

Oh ! Une nouvelle personne ! Le chef Kenway ! Keway ? Comme Mika ! Oh ben ça alors ! En voilà une grande nouvelle ! Pourquoi n'avait-il pas fait le rapprochement plus tôt ? Il avait déjà discuté à plusieurs reprises avec lui en quinze ans de carrière mais il fallait avouer qu'ils n'étaient pas ce qu'on pourrait appeler "potes". C'étaient des collègues, voilà tout. Hirô signala quand même sa présence en voyant l'air effacé du chef d'administration. Shimahime, quant à elle, s'était rallongée comme si elle n'avait jamais rien fait.

"Bonjour Kenway-san ! Qu'est-ce qui vous amène ici par cette belle matinée ? Vous désirez un thé ? Je ne fais pas de café ce matin, nous avons un invité spécial qui nécessite une attention particulière. Venez donc vous joindre à nous au lieu de vous endormir sur place !"

Trop d'énergie dès le matin. Trop d'énergie tout le temps. Hirô était une vraie pile électrique, épuisante comme un Ventus et rabat-joie comme un Terra. Un type lourdingue quoi... Mais on l'aime quand même !

Mais qui vois-je? Gôshi-san et Mika... C'est vrai que cette dernière était engagée depuis peu en tant que prof, mais je ne m'attendais pas à la voir de sitôt, vu nos relations lors de notre dernière rencontre. Deux ans sans nouvelles... Ca et l'annonce d'une interdiction de café ce matin. Je lance un regard sombre à Miko. Ah oui c'est vrai... Je préfère sacrifier le café pour éviter d'avoir droit à une scène de cet oleign.

Je m'avance au milieu de la pièce et soupire, forçant un sourire, histoire de paraitre poli et pour désamorcer la tension qui commençait à monter entre nous. Après tout, je ne devrais pas être surpris, et il suffisait de conserver le respect entre nous, entre collègues, quoi.

- Alors j'accepterai le thé avec plaisir. J'espère que je ne vous dérange pas dans votre discussion?

Mon allure restait distante avec Mika, vu la scène qu'elle m'avait faite avant de disparaitre pour faire je-ne-sais-quel voyage. Mais Iza eu le chic de s'approcher de Miko pour lui donner un coup de patte amical sur le museau.

* Salut, beau roux. Ca fait longtemps. *

Non, non, elle n'est pas cougar, elle s'amuse juste à charmer tout ce qui passe.

Ah ben merde alors. Voilà qui était inattendu ! Ça sentait un mélange entre une déjection d'oleign et un beignet de poissons en décomposition. Métaphoriquement bien sûr ! Et Hirô n'aimait pas quand ça tournait mal, surtout quand il se retrouvait coincé entre les deux de si bon matin avec une bouilloire dans les mains ! Saisissant d'un geste expert une tasse dans l'autre qu'il posa sur la table quelques instants après, il essaya de couper court au conflit avant qu'il ne naisse.

"On évite de souhaiter la mort de sa famille, ce n'est pas très gentil. Vous voulez quel thé ? Vert, bergamote, fruits rouges, agrumes, oriental, jasmin, fleur de cerisier, rose ? Iza aurait-elle envie de grignoter quelque chose avant de commencer la journée ? Nous avons les mêmes friandises que d'habitude ! Vous avez un planning chargé aujourd'hui ? J'ai posé la même question à votre sœur un peu avant votre arrivée et elle ne m'a pas encore répondu, je pense qu'il serait intéressant de lier la conversation de la sorte, n'est-ce pas ?

Shimahime surveillait le groupe, prête à intervenir au cas où la situation dégénérait. Elle n'était pas la plus grande des trois mais elle défendrai Hirô avec plus de force que n'importe lequel d'en eux. Quite à renverser du café partout.

* C'est Dai qui a accepté que Mika vienne par ici, on vous attendait... *

* ... *

Je n'allais pas la laisser trop en dire, traitresse. Je me taisais, mais lui lançais un regard noir, pour qu'elle se taise, bien que je savais inutile, elle me menait juste en bateau pour arranger les choses. Elle savait que trop bien que je m'inquiétais pour Mika, bien que je ne le montrerai pas. Surtout après sa réflexion... Ca fait mal. Iza esquissa une grimace canine et s'en retourna près de Gôshi-san pour réclamer une friandise, comme il lui proposait gentiment, elle répondait avec un petit air hautain, mais enjôleur:

* Avec plaisir, mon brave. Vous savez parler aux femmes ! *

De mon côté, je me sentais un peu décontenancé face à cette violence que ma propre soeur ressentait pour moi. Son admission ici était tout de même en partie grâce à moi, peut-être ne s'en doutait-elle pas. J'aurais souhaité tourner la page, parce que deux ans... Enfin, cette tête de mule n'était pas ma soeur pour rien, alors je ne me déclarerais pas vaincu. Elle n'avait rien de potable à me reprocher, je fais mes choix, je vois pas où ça la dérange finalement. M'installant à une table, l'air lasse, évitant son regard pour éviter la confrontation, surtout devant les collègues, je m'adressais à Gôshi.

- Laissez... C'est sa manière de dire qu'elle est contente de me revoir. Je prendrais bien jasmin. En effet, j'ai un planning chargé, comme d'habitude, ma foi, mais on s'y fait. Et vous, comment cela se passe t'il? Il n'y a pas eu de problème avec la nouvelle promo, il me semble?

Ignorer la tension était une manière simple d'éviter le conflit, ou peut-être le reporter, mais ma soeur était une sanguine, je ne pourrais pas l'éviter longtemps. J'aimerais que ça se passe pas ici...

Ouf ! Il avait réussi à calmer un peu le jeu, même si la tension n'était pas encore retombée. Hirô sentait déjà l'honnêteté des membres de la famille Kenway et soupirait intérieurement. Tout était plus facile à régler quand on était honnête. Il faudrait qu'ils règlent ça entre eux un jour mais pour le moment, la discussion était aux mondanités. Il discuta tout en cherchant dans les placard la friandise attendue par la dernière oleigna arrivée.

"Comme votre sœur, je me suis retrouvé embêté à devoir expliquer aux élèves que leurs emplois du temps ne correspondaient pas à ceux qu'ils avaient reçu le premier jour et qu'il devaient changer de salle et de professeur. Ça a été un peu pénible sur le coup mais dans le fond, mieux vaut ça que de rater un cours par erreur ! Mais ça ne concernait pas la nouvelle promotion, non. Pour eux, les cours se déroulent tranquillement pour le moment et j'espère qu'ils garderont leur motivation actuelle jusqu'aux examens ! Ils approchent, d'ailleurs, non ? Vous avez déjà les dates ?"

C'était la grande période de stresse pour tout le monde sauf Hirô ça ! Et il était tout de même bon d'être au courant quand tout le monde se tapait dessus à cause d'un simple examen. Une fois qu'il eut mis la main sur une friandise qui lui paraissait particulièrement appétissante, il la tendit à la reine qui attendait tout en s'inclinant.

"C'est un honneur de pouvoir parler avec une dame comme vous. N'hésitez surtout à pas à me faire part de vos envies."

Shimahime se leva et vint s'asseoir sur les pieds d'Hirô, l'empêchant de bouger. Comprenant le message, il donna la même friandise à sa belle reine tigrée.

"Je ne t'oublie pas non plus, Hime-sama. Je t'aime."

Il avait déjà presque oublié les questions qu'il avait posé aux humains, perdu dans sa béatitude pour les oleigns. Il caressait du regard chacune des bêtes en leur demandant l'autorisation de poser la main sur leur pelage soyeux. Shimahime attendait la réaction de l'autre, refusant de céder en premier.

Je me grattais la nuque, culpabilisant par rapport à ce problème d'emploi du temps,bien que je n'en étais pas responsable directement, le mot "administration" ressortait de toute évidence, et même sans le ton sarcastique de ma soeur, elle avait raison et je devais en assumer la responsabilité.

- Navré pour ce contretemps, mais tout est rentré dans l'ordre, je le souhaite. Les débuts sont toujours un peu difficiles. Les examens démarrent dans deux semaines, juste avant les premières vacances, comme ça les élèves pourront se reposer sans une once de stress et reprendre les cours à la rentrée avec sérénité, de même pour les professeurs. Par contre, pour vous, Gôshi-san, ce ne sera pas de tout repos après, les élèves sont excités lors des vacances, je me trompe?

J'esquissais un pâle sourire, essayant de me détendre un peu, mais en fait, la présence de Mika me gênait, me rappelant tout ce qu'il s'était passé par son comportement boudeur. Même si j'évitais son regard, je pouvais ressentir tout ce qu'elle me reprochait rien que par l'aura qu'elle dégageait.

Mon malêtre, Iza le ressentait, mais elle s'en contrefichait royalement, trop obnubilé par la friandise qu'elle attrapa entre ses crocs pour revenir près de moi, refusant simplement la caresse proposée par Gôshi-san. Il ne fallait pas pousser le bouchon trop loin, il allait falloir attendre pour obtenir la faveur de toucher son pelage soyeux, non mais. En revanche, je passais ma main machinalement sur la tête, entre ses oreilles, geste qui avait tendance à me calmer, et une gorgée de thé dévala mon oesophage.

- De toute façon, si vous avez des soucis, n'hésitez pas à venir m'en parler. Gôshi-san, vous connaissez la procédure, mais Kenway-san, non. Vous pourrez venir me faire un rapport de vos premiers jours.

Procédure, procédure. Je remballais ma colère pour lui parler comme à un collègue. Le travail d'abord, la famille ensuite, on devait faire la part des choses pour travailler correctement. Si elle n'en était pas capable, cela risquait de lui porter préjudice, si elle continuait de me reprocher des choses...

Hirô se redressa en voyant l'oleign s'éloigner avec dédain. Shimahime eut pour seule réaction de s'allonger sur place, ou plutôt sur ses pieds, l'empêchant de la toucher autant que de partir. Il serait pourtant bien parti essayer de continuer sa discussion avec Mika. L'avait elle senti ? Était-ce la raison pour laquelle elle s'était posée là ? Hirô n'insista pas. Si Shima pensait les choses bien ainsi, il n'avait pas à la contredire. Tentant de ne pas se focaliser sur le départ de la demoiselle, il se tourna vers son frère et s'adressa à lui avec un sourire mi-figue, mi-raisin.

"Merci de votre soutien, je n'hésiterai pas à vous solliciter si j'en ressens le besoin. Le stresse des étudiants n'est pas toujours facile à gérer mais cela me permet de changer un peu ma routine ! En un sens, je vois ça comme ma propre épreuve à l'examen ! Hahaha ! Ne leur dites pas que j'ai dit ça, certains seraient ravis que nous échangions nos place et l'académie ne le supporterai pas ! Ma femme ne cesse de me dire que je suis plus maniaque qu'elle ces derniers temps ! Hahaha ! Avec ou sans sucre dans votre thé ?"

Il s'empara de la bouilloire et versa l'eau bouillante sur le sachet préalablement disposé dans la tasse. Une douce odeur de fleurs remplaça celle de la menthe et Hirô fut soulager de penser que son nouveau compagnon de commérage resterai au moins pour les cinq prochaines minutes sous peine de se brûler au troisième degré.

Réaction des plus prévisible, finalement, elle n'avait pas changé, mais ce trait de caractère ne me rassurait guère et un profond soupire franchit la frontière de mes lèvres tandis qu'Iza me regardait avec curiosité.

* Tu vas devoir discuter avec elle, de toute évidence... Ca avait l'air de les choquer que ce soit toi qui gères l'administration, ici. *

* T'en as trop dit... Pourquoi t'as fait ça...*

Elle esquissa un sourire narquois, un sourire oleign que je connaissais trop bien. Elle avait une idée derrière la tête, et je savais que ce n'était pas du pur plaisir quand elle me faisait ce coup-là. Je ne pouvais pas lui en vouloir. Iza était l'égale de Mika, toutes deux capricieuses, mais je les aimais. Mais l'une d'elles ne devait pas le savoir. Pourquoi ça me tombait toujours dessus.

Je secouais la tête, en posant ma main par dessus le liquide chaud pour signaler un refus.

" Sans sucre, merci. Votre emploi n'est jamais de tout repos, à ce que je vois. Mais vous faites suffisamment bien votre travail pour ne pas m'en rajouter sur les épaules. Haha !

Le départ de Mika avait laissé une légère tension, et un pincement au coeur, mais je ne pouvais pas laisser les problèmes familiaux empoisonner notre lieu de travail.

" Veuillez excuser ma soeur, elle a dû mal à gérer ses sentiments avec moi, comme ça fait longtemps... En dehors de ça, elle est adorable. "

Je ne voudrais pas qu'elle ait des soucis à cause de moi.

Le concierge agita négativement la tête avec un air posé sur le visage. Il ne voulait pas que son interlocuteur se sente mal vis à vis de ce qui s'était passé. Il était très bien placé pour savoir qu'il y avait des situations dans lesquelles on n'était plus totalement soi-même. Il préférait se cramponner au compliment qu'on lui avait fait sur son travail impeccablement fait.

"Merci, c'est un honneur ! C'est encourageant de voir que mon travail est reconnu ! Et ne vous inquiétez pas, j'ai eu l'occasion de discuter avec votre sœur sereinement avant votre arrivée et je ne retiens d'elle qu'une agréable compagnie pour boire le thé et discuter. Je préfère me focaliser sur les raison pour lesquelles les gens restent plutôt que les raisons de leur départ. C'est toujours triste de parler de départ ! Ca me rappelle quand j'avais fini ma septième année à Hayashi à l'époque, j'étais tellement triste à l'idée de ne plus revoir mes amis que je me suis battu pour y être embauché... Imaginez la surprise quand j'ai réalisé par la suite que mes amis aussi avaient quitté l'académie et qu'ils ne souhaitaient pas y passer le reste de leur vie ! HAHAHA ! J'étais tellement jeune et naïf à l'époque !"

A l'époque... Quand penser à des choses triste le rendait encore triste. Quand penser n'était pas un fardeau. Ça remontait à combien de temps déjà ?

J'esquissais une grimace à entendre parler de pensées qu'il avait eu dans sa jeunesse, en me disant "mais quel crétin". Mais bon, personne n'est parfait et l'intérêt aujourd'hui était plutôt de bien s'entendre. Finalement je lui accordais un sourire compatissant :

" Les gens changent et ce n'est pas plus mal. J'espère juste que vous ne regrettez pas d'être revenu ici. Mais de toute évidence, ceux qui travaillent ici restent des anciens, et je me souviens vous avoir déjà croisé auparavant, mais cela remonte à bien longtemps... "

Je ne voulais pas m'attarder sur ce genre de détails. Parce que le départ de Mika m'inquiétait, j'avais cette envie pressante d'aller lui parler pour calmer le jeu, et même Iza tournait un peu en rond, inquiète.

Achevant ma tasse de thé, je la posais doucement sur la table.

" Très bon, ce thé. Je repasserai à l'occasion, mais je crois que le devoir m'appelle. Veuillez m'excuser. "

Une courbette polie après m'être levé. Je ne voulais pas particulièrement lui fausser compagnie, mais il me semblait que j'avais plus urgent à faire que papoter sur le passé.

* Maintenant... Rattraper Mika... *

Nous sortîmes de la salle des profs sans plus de cérémonie, d'un pas pressé...

Tout le monde s'en allait, laissant Hirô de nouveau seul... Shima refusait de libérer ses pieds, le condamnant à regarder tout le monde quitter la salle des professeurs sous ses yeux. Il s’appétait à acquiescer sur le fait qu'il n'avait aucun regret quant à ses choix et qu'au final, il n'y avait aucune erreur pour lui quand la porte se referma.

"Laisse les vivre, ils ont des comptes à règler."
"Mais ils vont se faire du mal... Ils ne sont pas prêt à se réconcilier."
"Ils sont grands, Hirô, et ils savent de débrouiller sans que tu ne les tiennes par la main."

Il hocha la tête, à la fois d'accord et mourant d'envie de courir les rattraper. Shimahime porta son poids sur le concierge, le forçant à s'asseoir par terre pour ne pas lui casser les genoux.

"Si tu bouges de là dans les cinq minutes qui suivent, je te mords."

Aaaah, Hime... Toujours cette diplomatie ! Hirô obéit pourtant sans ciller, incapable d'imposer réellement sa volonté à a merveilleuse reine. Et puis, qui sait ! Quelqu'un d'autre pouvait pointer le bout de son nez !