Et la machine tournait, tournait presque à vide. Torse nu, assis en tailleur par terre, Jing scrutait le point de départ de sa présence dans la laverie. Etrangement, il avait eu un mauvais pressentiment à la vue de l'enveloppe. Quelques minutes après, il avait réussi à renverser du café sur son tee-shirt. Plutôt que de retourner dans sa chambre se changer, l'homme avait décidé d'aller discrètement à la laverie. Pour sa part, Ling avait décidé de mettre sa patte sur le fauteuil de psychologue. Les machines à laver lui évoquaient des mauvais souvenirs.

Seul, l'ancien Terra soupira. Ses doigts tremblaient légèrement en maniant le papier bleuté. Bonne ou mauvaise nouvelle ? Combien fois avait-il espéré qu'on lui annonce le pire, au moins, pour ne pas éprouver de la colère ? Juste parce que ça servait à rien d'en vouloir à un mort. Ses paupières se fermèrent, ils prit une grande inspiration puis décacheta l'enveloppe.

8 ans avaient passé mais l'écriture restait la même. Claire, propre, fine. Ses yeux parcoururent la première page noircie et un discret sourire flotta sur son visage. Soudain, son regard s'agrandit.

« - C'est vrai... On avait enterré cette fichue boite... » Ses sourcils se froncèrent. « Si ça se trouve un oleign l'a déjà déterrée... » Rien qu'à cette pensée, une expression embarrassée se forma sur son visage. « Non,non, impossible. »

Ça faisait un petit moment que je n'avais pas fait de lessive...Oui, parce que entre m'occuper des gosses dans les couloirs, surtout Rose Black, et de leur trouver des heures de colles, bah je n'avais pas vraiment eu le temps de m'occuper de mon linge sale. J'avais un petit moment de libre rien qu'à moi, j'en profitais donc pour me rendre à la laverie, Rocky qui me suivait d'un pas léger, grognant dès qu'il voyait un humain. Celui-là, j'le comprendrais jamais pourquoi ils considérait les humains comme du bétail... Mis à part moi, les autres n'étaient que de la viande à ses yeux. Etrange non ?
Bref, on arrivait tous les deux à ladite laverie, entendant le bruit d'une machine à laver, Rock' se précipita à l'intérieur de l'endroit et grogna en apercevant le psychologue de l'académie. Merde! J'lui courais après, laissant tomber mon panier de linge sale par terre et l'agrippais au cou pour ne pas qu'il se mette à mordre le jeune homme.

"J'suis désolée pour mon oleign, il va vouloir essayer d'vous mordre, considérez ça comme une marque d'affection...? " fis-je au jeune homme tentant tant bien que mal de le rassurer. Mais j'me rendais compte qu'il n'avait pas l'air dans son assiette et j'ordonnais à Rocky d'aller un peu plus loin.

" Tout va bien ?" demandais-je inquiète.

Un faible soupir s'échappa de ses lèvres. Ça ne servait à rien de songer à ces péripéties d'adolescent, même s'il ne pouvait s'empêcher de penser ''Pourvu que...''. Les images de cette soirée-là étaient encore nettes dans son esprit, comme ce qu'il avait déposé, trouvant ça très drôle sur le coup. Éjecté de sa rêverie par un bruit, Jing sursauta et froissa malencontreusement sa lettre. Ses yeux s'agrandirent en voyant l'oleign se diriger vers lui mais resta silencieux durant quelques secondes.

« - Euh... d'accord... » Il eut un petit sourire en coin.
« Pas sûr que je sois très digeste par contre. »

Tout en lançant cette dernière phrase, le psychologue remit la missive dans l'enveloppe. Sa tête se redressa vers la surveillante. Le chinois offrit un sourire incertain alors qu'il tentait de chasser certaines pensées de son esprit.

« - Ça va, ça va... Juste le choc de nouvelles surprenantes ! Et vous, tout va bi —  »

Un cri féminin le coupa net dans sa question. Son visage tourna immédiatement dans la direction d'où cette intervention venait, avant de regarder ailleurs et de fermer les yeux. Ça n'empêcha pas ses oreilles de se colorer d'une discrète teinte rouge.

« - Mademoiselle... »

Il n'avait rien vu. Rien du tout. Le chinois ouvrit un œil mais évita soigneusement un endroit. Le nouvel arrivant venait de poser une excellente question. Pas tellement certain de la réponse, Jing pointa l'oleign de Kimberley.

« - Méfie-toi de lui... »

J'pensais qu'on aurait pu parler tranquillement entre collègues du personnel, sauf que voilà, Rocky ne cessait de grogner et deux autres personnes arrivèrent dans la laverie. Ils étaient pas censés être en cours eux d'ailleurs? Bref, la jeune fille qui venait d'arriver quelques secondes après moi se retrouva par terre je ne sais par quel miracle, mais son entrée était des plus fracassantes. Ensuite ce fut au tour d'un jeune homme de faire son entrée, d'un pas nonchalant, et il se précipita de suite vers celle qui avait glissé. Le psychologue fit de même, ah, les hommes et leur galanterie. J'souriais et tentais d'ordonner à Rocky d'pas bouger et de rester calme lorsque l'asiatique pointa celui-ci du doigt, disant d'y faire attention. J'crois bien que c'est ça qui l'a énervé encore plus et il bondit vers nous, j'sais pas pour essayer d'mordre le psychologue certainement. Sauf que bah moi j'étais entre les deux et c'est moi qu'il mordait.

"Putaaain, Rocky fais gaffe !" que j'lui balançais, ne pouvant m'empêcher de lâcher un juron devant les jeunes...J'regardais ma main et celle-ci saignait, logique, mais au moins j'avais sauvé le visage du beau psychologue...

Hirô Gôshi a écrit:

Kimberley Clark

Il n'avait pas assisté directement à la scène. Il était resté adossé sur un des murs de la laverie, à l'abri des regards. Il n'avait pas besoin d'intervenir ce coup-ci, il savait que cet oleign lui fournirait l'alibi parfait. Cette morsure serait le catalyseur de la mort de cette femme impure. Elle commençait d'ailleurs à sortir en s'excusant, prétextant qu'elle se rendait à l'infirmerie pour traiter sa blessure mais c'est à ce moment que le concierge agit. Alors qu'elle disparaissait de la vue de ses camarades, il l'attira dans l'ombre du bâtiment en lui mettant sa main ganté sur la bouche. De son autre main, il lui appuya son sachet de lessive dans sa main blessée afin que le produit infecte la plaie. Elle se débattait, pleurait, mais le bruit des machines à laver surplombait ses gémissements. Il semblait la regarder sans la voir, ses yeux ne clignant même pas et c'est en l’entraînant vers au fond du recoin qu'il lui jeta la tête contre le mur d'en face. Elle perdit connaissance. Il laissa le corps là. Il ne serait pas difficile de croire que la douleur l'avait fait tomber et qu'elle s'était évanouie dans sa chute. Perdue dans les fourrés, on ne la retrouverait pas tout de suite de toute façon ! Le concierge sauta par dessus le buisson voisin et retourna voir sa chère Hime qui l'attendait chez lui. Une angoisse palpable le faisait trembler de la tête aux pieds. Ce soir encore, il pleurerait.