L'italienne s'installa dans le canapé, adossée à l'accoudoir. Ses petites pantoufles posées au sol, tandis qu'elle laissait ses pieds sur le canapé, ramenant ses genoux contre elle, fixant son portable d'un air penaud. Les cours avaient fini, le couvre-feu n'était pas encore tombé. Néanmoins, la salle était occupée, dans un coin comme dans un autre et, l'italienne eu la chance d'obtenir le canapé.

Elle joua avec une de ses mèches de cheveux, ses iris maquillés fixés sur l'écran comme pour demander une réponse, le rose aux joues. L'italienne attendait une réponse de son père, s'il serait présent durant les vacances scolaires, le temps d'attente était insoutenable. Hannibal tentait de garder contenance, l'angoisse lui tenant au ventre. Intensia jouait dans un coin avec un de ses comparses, souhaitant tout autant que Hannibal cacher son inquiétude, car évidemment la tension nerveuse de l'une se répercutait sur l'autre.

L'italienne soupira, jouant désormais avec son pendentif, refermant un peu plus son châle long autour d'elle, de ses jambes portant des collants et un short. Elle finit par lever les yeux, ne sachant que trop faire, mais il fallait qu'elle pensa à autre chose, mais quoi ? Là était la question.

Hannibal tourna son visage pour faire face à la jeune fille, elle lui offrit son sourire parfait qu'elle avait travaillé depuis des années et des années. Miyako ? Elle en avait entendu parler, dans la même classe oui, mais l'italienne n'avait voulu lier amitié, ou tout du moins pas encore. Hannibal cacha son air un peu penaud par une certaine joie de vivre. Elle répondit avec douceur, en anglais :

« Enchanté Miya-chan, j'ai entendu parler de toi ! Je suis Hannibal Giorgi, Hanni' pour les intimes. Heureuse de faire ta connaissance ! »

Hannibal tapota la place à côté d'elle, s'étant mise finalement en tailleur. Elle examina la jeune fille, en particulier ses lunettes. Un sujet tout à fait facile à aborder avec ce genre de personnalité, semblable à la sienne. Mais pour Hannibal, elle était meilleure que toutes les autres, ça allait de soit. L'italienne posa son portable sur l'accoudoir pour qu'on ne puisse lire la conversation avec son géniteur qui lui trottait à chaque instant dans la tête. Elle montra les lunettes de son index vernis de rouge, commentant avec la même douceur et joie feinte :

« J'adoore tes lunettes ! Tu les as eu où ?! Elles te vont su-per bien. »

Hannibal ouvrit ses lèvres dans une mimique impressionnée , jouant la comédie à la perfection...Même si au fond, elle ne se l'avouerait pas ; elle jalousait son interlocutrice pour ces lunettes. Hannibal continua sur sa lancée, imitant à la perfection tout ce qu'elle avait apprit depuis des années.

« Wa-ho ! Non mais à Shibuya ?! J'adore ce coin j'y allais avec mon père. Non mais les parents ils comprennent pas quoi...La galère pour s'habiller. On n'est plus dans leur temps c'est fini les peaux de bête ! Maintenant, t'as le swag...Ou tu l'as pas ! »

Hannibal gloussa, montrant fièrement sa manucure, un sourire aux lèvres et les yeux scintillants.

« Merci ! J'ai appris ça chez un irlandais, trop cra-quant ! Je te passerai mon durcisseur si tu veux, il est OUFISSIME »

Hannibal gloussa à sa question sur l'irlandais. Elle aimait ces moments, même hypocrites, où on lui envoyait des fleurs, où on s'impressionnait de sa façon d'être et de faire. Elle remit une nouvelle fois sa mèche de cheveux derrière l'oreille. Gabriel ? Elle le connaissait oui, d'ailleurs ses mains se posèrent sur les poignets de Miyako, pour la stopper dans son mime, ajoutant avec un sourire :

« Couché, tu peux le dire, ce n'est pas tabou comme sujet, heureusement ! »

L'italienne rit de nouveau, étirant son sourire, les yeux étincelant de malice. Elle reprit, son ton se faisant aussi bien clair que devenant chuchotis, telles des messes-basses.

« Il était blond, trop adorable et, il parlait italien ! Il avait un accent trop sexy, haha ! Gabriel ? Il a trop le swag c'est vrai, super HOT. Il fait trop bad boy ! J'ai plus un faible pour les mecs du genre Harley Davidson tu vois ?...Ou plutôt j'ai un faible pour la Harley ! »

L'italienne gloussa, vérifiant du coin de l’œil si le dénommé Gabriel n'était pas dans la salle, ou bien qu'il n'y ait pas d'oreille qui trainait. Visiblement non.

Hannibal recula doucement. Elle n'aimait pas la version de Miyako sur ce sujet. Certes c'était un stéréotype, mais Hannibal était bien placée pour savoir qu'ils n'étaient pas tous comme ça, même si elle était plus spécialisée dans la moto de compétition que de collection. Mais petite, son père avait une harley, elle montait toujours dessus avec lui, et les autres collectionneurs étaient plus des quinquagénaires friqués qu'autre chose. Hannibal ajouta donc :

« En général, les hommes sur Harley ne sont pas comme ça tu sais ? Et puis, tu as une image un peu stéréotypée non ? Le motard que tu décris a plus l'air d'un débile qui a un complexe...de taille. »

L'italienne gloussa à son sous-entendu, massant sa nuque, par habitude, tout en continuant sur sa lancée, avec franchise, ponctuée d'un sourire :

« Ceux qui sont sur des bécanes, ils ne sont pas tous parfaits, et surtout ils crèvent de chaud sous leur combinaison ! »